Cette semaine j’ai lu Les choses humaines de Karine Tuil et j’aimerais vous en parler car quelque chose me dit que ce roman pourrait vous plaire aussi ! 😉
Jean à 70 ans, c’est un journaliste politique reconnu. Autodidacte et acharné, il a gravi les échelons sans jamais faiblir. Il anime aujourd’hui une des matinales radiophoniques les plus écoutées de France. On lui a également confié les rênes d’une émission politique qu’on ne présente plus, à la télévision.
Il est fier de la réputation de journaliste pugnace, exigent et travailleur qu’il s’est forgé avec le temps. Mais le monde des médias est sans pitié. Il sait qu’a le moindre défaillance, tout sera fini. Complément paniqué à l’idée de vieillir et voir sa santé doucement décliner, il fait appel à de nombreux médecins, à l’affût du moindre signe de faiblesse.
Il est déterminé à ne pas perdre ses émissions. La personne qui lui dira “Allez, Jean, faut raccrocher maintenant, soit raisonnable, place aux jeunes!” n’est pas encore née!
Jean est marié à Claire. Cette quarantenaire dynamique et discrète est également reconnue sur la scène médiatique pour ses essais et prises de positions féministes.
Jean et Claire sont heureux en mariage et parents d’Alexandre, un jeune homme brillant à qui tout réussi. Il s’apprête à poursuivre ses études d’ingénieur en Californie et rêve de travailler chez Google!
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Mais comme vous pouvez vous en douter, ce ne sont qu’apparences trompeuses.
Jean et Claire font bonne figure en public (faut bien donner le change lors des cérémonies officielles) mais la réalité est toute autre. Loin des paillettes, Jean mène une double vie et fréquente Françoise, une journaliste qui travaille à ses cotés depuis une dizaine d’années.
Celle ci s’en accommode très bien, d’ailleurs, pour preuve de son amour inconditionnel, Jean lui a récemment acheté un chien ( joliment prénommé Claude) – mes hommages compatissants à tous les Claude qui liront ses lignes.
De son coté, Claire est en couple avec Adam un jeune professeur de confession juive. Ils viennent d’emménager dans le même appartement, elle est ravie même si elle doit composer avec Mila, la plus âgée des deux filles de son compagnon.
Mila est quant à elle, une jeune fille fragilisée et renfermée. Jusque la élevée par sa mère dans un milieu juif conservateur, elle décide de s’installer chez son père afin de sortir de ce carcan dans lequel elle étouffe un peu.
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Ce soir, l’agitation règne chez les Farel. Jean va se faire décorer par Monsieur le Président ( tout de même!). Tout le gratin sera présent, c’est le retour de la grande mascarade! Jean insiste pour que toute sa petite famille soit présente : ses frères, son (ex) épouse, et son fils ( qui débarque tout exprès des US).
Après la cérémonie, rien va plus sur les réseaux!
Pendant ce temps, Alexandre qui qui à pris ses quartiers dans l’appartement de sa mère, compte bien se rendre à une soirée.
Claire insiste pour que Mila l’accompagne ( elle connait les amis de son fils, des personnes de confiance. En plus c’est l’occasion pour Mila de sortir et de rencontrer du monde!).
Les voilà partis et c’est plus ou moins là que la routourne va tourner … ( comme le veut la célèbre expression!)
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Le lendemain matin tandis qu’Alexandre se remet tranquillement des excès de la veille, Mila est dévastée.
Elle est rentrée chez sa mère et décide de porter plainte : Alexandre l’a violée dans un local à poubelles à proximité du lieu de la soirée.
Mila est traumatisée. Alexandre, quant à lui, se voit dans l’obligation de faire une croix sur ses rêves californiens. La machine judiciaire se met en marche. L’affaire s’ébruite. Les médias s’emballent.
Alexandre, de son coté, ne comprend pas ce qui lui arrive, il n’a pas vécu les évènements de la même manière. Mila l’a bien suivi dans le local ce soir là et il n’a rien forcé.
Mais finalement, que s’est il vraiment passé dans ce local à poubelles?
Il appartiendra à la Justice de faire la lumière sur le déroulé exact des faits ce soir la. Y-a t’il eu, ou non, viol au sens pénal du terme, autrement dit, Mila était elle consentante au moment des faits?
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Ce roman très bien mené interroge sur la violence du monde que nous connaissons aujourd’hui. Il dépeint également de manière profondément juste le déroulé de la procédure pénale et d’un procès aux assises.
Au delà du sujet de société dont il est question dans ce roman, l’auteure nous montre à quel point les relations humaines peuvent être complexes.
Il nous est parfois facile de faire des raccourcis, de juger trop vite ( surtout lorsqu’on ne connait pas tous les tenants et aboutissants d’un dossier).
Or, rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. Dans cette histoire, nous sommes dans une sorte de “zone grise”. Dans un procès, chacune des parties à sa propre vérité mais il est primordial que ces deux visions, ces différentes perceptions, soient entendues.
La force de ce livre c’est qu’il nous permet de nous interroger. Il pose, de manière sous jacente, des questions pertinentes qui n’attendent pas de réponses toutes faites.
Parmi elles, la question de la fonction d’un procès. Est-il là pour réparer la victime et si oui, dans quelles mesures?
A travers les personnages de Jean et Claire, ce roman nous offre la possibilité de mener une réflexion sur notre propre rapport à la Justice, au fait criminel ou à la détention.
Finalement, il peut tous nous arriver d’être accusés (à tort ou à raison) au cours de notre vie.
Comment pourrions nous réagir dans ce cas? Qu’en serait t’il si notre fils, notre fille, un membre de notre famille proche était accusé du pire? Resterions nous campés sur des positions tranchées?
Ce fils est-il le “montre” qu’on dépeint dans les médias? Qu’en est-il de l’amour d’une mère, d’un père dans dans ce type de situation? Ne perdurerait-il pas au delà de tout?

Amis Juristes ( ou non!) courrez chez votre libraire pour découvrir ce roman!
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