Ce qui fait le charme des bibliothèques c’est qu’on y cherche des livres qu’on ne trouve pas et qu’on y trouve des livres qu’on ne cherche pas (ou qu’on ne cherchait plus).
C’est (encore) ce qui m’est arrivé il y a quelques semaines.
Pour certains, la venue du printemps sonne le retour des livres légers, sans prise de tête…
Pas pour tout le monde apparemment car j’ai finalement jeté mon dévolu sur Cybercrimes ( et sa couverture douce et lumineuse).
***
Dans ce livre il est question de cybercriminalité. Sans surprise, elle ne cesse d’augmenter avec le développement de l’informatique personnelle et industrielle.
A ses débuts, internet était un fabuleux moyen de trouver facilement et rapidement les informations dont nous avions besoin. C’est toujours le cas à l’heure actuelle mais le développement des réseaux sociaux et gadgets interconnectés en tous genres a progressivement changé la donne.
Notre univers numérique est aujourd’hui envahi de photos, vidéos et autres fichiers. Nous laissons derrière nous un nombre incalculable de traces sur qui nous sommes, nos habitudes, nos opinions et convictions ou encore nos achats.
La frontière entre le monde physique et le monde numérique s’efface progressivement. Le nombre de données stockées mondialement augmente d’années en années et les données générées sont de plus en plus importantes voire sensibles.
Malheureusement, les délinquants intègrent eux aussi les outils numériques rendant la tache des enquêteurs plus difficile. Il a fallut que la police s’adapte à cette nouvelle forme de criminalité.
C’est pourquoi elle a mis en place en 2000, une structure spécifique basée à Paris : L’ Office Central de Lutte Contre La Criminalité liée aux technologie de l’Information et de Communication.
En 2009, le Groupe de lutte contre la cybercriminalité de Nice à été crée. Ce modèle sera étendu à de nombreuses autres grandes villes de France à partir de 2015.
Pierre Penalba, l’auteur du livre dont j’aimerais vous parler aujourd’hui est à la tête de ce Groupe. Il est également expert informatique et formateur auprès d’unités de police françaises et étrangères.

Qu’est ce qu’on entend exactement par “cybercriminalité” ?
On apprend dans ce livre que les principaux domaines de la cybercriminalité sont :
- Les crimes et délits sexuels
- Les affaires d’escroqueries
- Les affaires de terrorisme
- Les affaires de piratages et d’espionnage ( commercial, privé, politique)
- Les atteintes du droit à l’image
- Le cyberharcèlement ( malveillances, désir de vengeance…)
Si vous ne vous sentez pas vraiment concernés par ce sujet, j’ai appris en préparant cet article que :
- 1 personnes sur 2 de moins de 50 ans à déjà été victime d’un cybercrime (chantage, harcèlement escroquerie, usurpation d’identité…)
- 8 entreprises sur 10 sont victimes par an de cybercriminalité ( attaques, virus, vol de données, avec des conséquences financières importantes)
Et le contenu du livre alors?
Ce livre se présente sous forme de chroniques. Il s’agit d’une sélection choisie de situations et d’affaires rencontrées par l’auteur au cours de sa carrière de flic spécialiste du net. Les lieux et l’identité des personnes citées ont été modifiés mais les faits relatés sont bien réels.
Les affaires les plus sensibles, tragiques et sordides ont été omises. Cependant deux chroniques dérogent à cette règle et sont précédées de l’avertissement suivant : “Ames sensibles passez cette chroniques. Nous sommes parfois confrontés à des horreurs innommables, qui peuvent mettre à mal notre équilibre psychique.”
De mon coté, j’ai tout lu…c’est comment dire…particulier, je vous laisse découvrir! 😬
La portée pédagogique de ce livre
Les trois objectifs affichés de cet ouvrage sont : Distraire, Informer et prévenir.
A travers ce projet, Pierre Penalba souhaite “ sensibiliser aux dangers de l’informatique et du net et amener chacun a développer un regard lucide sur son environnement numérique” . Le but de tout cela c’est de permettre à chacun “d’acquérir les bons réflexes pour se protéger physiquement, psychologiquement et financièrement”.
Par la même occasion, il a souhaité contribuer à diffuser auprès du grand public une vision plus réaliste du travail des policiers et plus particulièrement des enquêteurs spécialisés en informatique.
A la fin de chaque chronique, on peut trouver des conseils, des préconisation ou encore des actions à mettre en place afin d’éviter de se retrouver dans une situation similaire à celle décrite dans la chronique en question.
Comme quoi, Pokémon c’est très sympa mais…
Parmi toutes ces affaires, l’une d’elles m’a particulièrement marquée.
Elle m’a surement fait penser à mon enfance et aux heures passées à jouer à Pokémon ( version bleue) sur ma Gameboy Color, dans l’espoir de remplir (encore et toujours plus) mon superbe Pokedex (cette merveille technologique)…
Bon, revenons à notre enquête glauque :
Imaginez un jeune de 16 ans, vivant avec ses parents et ses frères et sœurs dans une famille aimante. Jusque la rien de suspect, jusqu’au jour ou la police du net débarque au foyer familial à la recherche d’un individu à l’origine de nombreux téléchargement de fichiers à caractère pédopornographiques. D’après les enquêteurs, il est sur place, c’est sûr!
Complètement surpris et dépassés par les évènements, les parents coopèrent en indiquant aux enquêteurs la totalité des ordinateurs de la maison…sauf un. Celui de leur fils ainé.
Les policiers retrouveront la machine en train de tourner à plein régime dans la chambre du jeune homme, parti en cours.
Il confira ensuite aux enquêteurs être arrivé à ces extrémités après avoir effectué des recherches sur un Pokémon nommé Entei, terme très proche du mot japonais utilisé pour désigner des bandes dessinées ou dessins animés à caractère pornographique, voire pédopornographique.
Avec le temps, il est devenu complétement dépendant de ce type de fichiers tandis que ses parents, dévastés, pensaient qu’il jouait tranquillement à Fifa dans sa chambre…Il lui faudra surement un suivi psychologique important afin de pourvoir avancer dans la vie convenablement.
Cet exemple nous montre à quel point il est primordial de sensibiliser nos enfants et de garder un œil sur leurs activités sur la toile (sans devenir complétement paranoïaques, c’est tout un art! ).
***
Mon avis sur ce livre
C’est une lecture instructive qui nous permet de prendre la mesure des dérives de la Société dans laquelle nous vivons. Ce livre traite de sujets graves, lourds et infiniment glauques. Il n’est donc pas à mettre entres toutes les mains.
Cela dit, les chroniques sont courtes, dynamiques et relatent des situations parfois causasses. Le professionnalisme de Pierre Penalba se ressent profondément au fil des pages. Son humour pince-sans-rire nous aide à prendre du recul et rend la lecture agréable malgré la lourdeur des thèmes abordés.
On sent bien que l’humour est primordial de ce type de groupes, sinon c’est la dépression assurée! 😉
Dans ce type de récits on peut vite tomber sur quelque chose de voyeuriste mais ce n’est pas le cas ici. Au contraire, on ressent vraiment une volonté de transmettre au fil de ces pages, parsemées de notes permettant de nous familiariser avec le vocabulaire et les acronymes informatiques.
Si vous souhaitez en savoir plus sur le travail des flics de la cybercrim’, foncez!
Un commentaire sur « Cybercriminalite : Le témoignage d’un flic »