Ma première année de droit (sans filtre)

woman sitting on wooden planks

Tu viens d’arriver en droit et tu es un peu largué(e) ne t’inquiète pas! 

Pour te rassurer, j’ai décidé de te raconter mon premier semestre (sans filtre). 

C’était il y a plus de dix ans mais c’est toujours avec autant d’émotion que je repense à cette année qui a été une des plus difficiles de ma vie d’étudiante et peut être bien de ma vie tout court.

Alors que je m’apprête à écrire un des articles les plus personnels de ce blog, j’aimerais montrer que tout ne va pas toujours dans la bonne direction dès le départ. 

Mais si on le sent au fond de nous, il faut y aller. 

C’est la détermination et le travail qui feront la différence.

1 – Le choix des études de droit

J’ai choisi le Droit après avoir souhaité devenir oenologue, éducatrice de jeunes enfants, éducatrice à la protection judiciaire de la jeunesse, interprète et commissaire de police. 

Si si j’ vous assure il y a un lien. 

Sensible aux injustices, je m’étais souvent levée, indignée. 

Malgré une certaine timidité, j’avais très souvent défendu mes camarades en primaire et au collège. 

Au lycée, je découvre la philo et je tombe dans la marmite, je suis passionnée! 

Attirée par l’idée de Justice et les langues étrangères, je ne savais pas vraiment où cela allait me mener. 

Élève moyenne, travailleuse et peu confiante, j’ai pensé un instant au DUT carrières juridiques. 

Puis, finalement, pourquoi ne pas tenter la Fac de Droit même s’il parait que c’est super dur? 

Violoniste (un brin en colère contre le système), la discipline et la difficulté, ça me connait. 

Illico Macias, je renonce à mon projet LEA (Langues Etrangères appliquées).

C’est décidé, j’annonce à mon papy  (quelques mois avant avant son décès) que j’irai en Fac de Droit. 

Pour le reste de ma famille : J’hésite encore. 

Mais dans mon for intérieur j’avais décidé de me lancer pleinement dans ce nouveau projet en mettant tout  en œuvre pour le réussir. 

Je suis donc partie pleine de rêves, d’ambitions et de détermination. 

Puis,j’ai un peu déchanté le jour de la rentrée. 

2- La rentrée, le discours de bienvenue

1er septembre, c’est parti pour la pré-rentrée!  

Très stressée (comme d’hab!).

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Après discussions, j’avais finalement fait le choix de rester chez mes parents à quelques kilomètres  de la fac, à la campagne. 

Je devais donc prendre la voiture (assise sur le siège passager) jusqu’à la gare, le train, le métro et terminer à pied pour enfin atteindre la fac. 

Ce qui représentait environ 45 minutes de trajet porte à porte, au pas de course, matin et soir. 

Presque un rythme parisien.

Pas facile avec mon sens de l’orientation légendaire, comprenez  proche de 0. 

***

Si vous vous rappelez de l’article sur la prise de parole en public, vous savez déjà que je souffre du syndrome de préparation excessive. 

J’avais fait le trajet jusqu’à la fac au moins 4 fois dans un état d’esprit juridique avant l’heure :  Le fameux “parce qu’on ne sait jamais”

***

D’ailleurs je ne me souviens absolument pas de ce premier trajet vers la fac. 

Tout a dû bien se dérouler (comme d’hab)

Je n’ai aucun souvenir de mon arrivée dans l’amphi.

C’est une fois assise que les souvenirs reviennent. 

***

Aucun de mes amis n’avait choisi cette filière. Je me retrouvais donc seule parmi tous ces inconnus, serrés comme des sardines dans un amphi surchauffé. 

Après avoir longuement hésité ( trop de choix, mon Diiieu) , avais choisi une place ni trop près, ni trop loin de l’estrade. 

Après les présentations d’usage (les cours, les professeurs…) on a appris que pour la première fois cette année, le Président de l’université avait désigné une marraine de promo (pour nous soutenir dans la difficile épreuve qui nous attendait). 

Comme c’est touchant! 

C’est alors que pour faire connaissance, on a joué tous ensemble à un petit jeu :

“Vous savez qu’en fac de droit il faudra travailler dur et avoir une vie monacale. Quand vos amis sortiront le samedi soir, vous resterez assis devant votre petit bureau d’étudiant, dans le noir, à RÉVISER et réviser encore. La L1 c’est dur et la réussite à un prix !

D’ailleurs, tournez vous maintenant vers votre voisin de droite. 

Regardez bien car il ne passera pas en deuxième année.”

Pour mettre fin au malaise qui commençait à pointer son nez notre professeur de Droit des personnes ajouta alors : 

“ Non mais vous pouvez garder un loisir quand même…” 

Trop tard. 

3- Le Parcours Franco – Allemand

L’après midi de ce premier jour de pré-rentrée désastreux, je découvre l’existence du Parcours Franco-Allemand. 

C’est l’opportunité rêvée pour moi qui aime énormément cette langue.

J’ai donc postulé. 

Lorsqu’on m’a demandé pourquoi je voulais faire du Droit, j’ai répondu : “Pour être honnête, je sais pas Monsieur. Mais l’idée de Justice ça m’intéresse…”

Puis il a répondu : 

“Le droit c’est comme l’amour, ça s’explique pas”

La honte. 

Mais j’ai été prise. 

4- Les cours d’introduction au droit

Le début des cours est assez intense.  

Je ne comprends rien aux cours d’introduction au Droit. Tout va trop vite, il faut prendre des notes pendant 4 heures. Je prends tout, comme tout le monde, j’ai tellement peur de rater un truc super important. 

Le soir, une fois rentrée je mange et j’enchaine avec une relecture de ma production du jour.   

Heureusement, une connaissance qui a abandonné la fac après une première année en demie teinte me passe ses cours.

Pas très encourageant me direz vous mais je m’en fous. C’est une belle opportunité pour combler les pages, les phrases et les mots manquants dans mon cours. 

Après un rapide constat, je me rends très vite compte que son écriture est très lisible mais tout est écrit en langage SMS. 

Je comprends qu’elle a galéré elle aussi. 

Et qu’il va falloir que je trouve une autre solution. 

5- Le TD de la mort

C’était sur la différence entre l’ordre judiciaire et l’ordre administratif. 

La chargée de TD est avocate, grande, brune  et charismatique.

Elle déroule son explication à la perfection. 

Bien sûr,je suis larguée. 

Elle explique qu’elle aime interroger ses étudiants au hasard pour savoir si les concepts expliqués sont bien intégrés.  

De mon côté, je suis fatiguée. J’ai hâte de rentrer et je me demande si j’arriverai à attraper mon train.  

Dans l’intervalle, je comprends qu’elle est bien décidée à commencer dès aujourd’hui. 

Je me fais donc toute petite sur ma chaise (comprenez, plus petite que je ne le suis déjà ce qui s’avère difficile) en priant de ton mon cœur agnostique pour ne pas être interrogée. 

Et là j’entends : “alooors vous, par exemple, Mademoiselle! ” 

Je réalise alors que son doigt pointe dangereusement vers ma direction et qu’il s’agit bien de moi, la Demoiselle en question. 

Bien sûr, j’hésite. 

La chargée de TD pense que je tente de tricher en regardant les réponses au tableau. 

C’est vrai, mais cela ne m’aide pas (j’aurais dû m’asseoir plus près, je ne vois rien)  . 

La elle retourne le tableau et hurle : “ non REGARDEZ MOOOI” 

Je me rappelle simplement avoir répondu : “ Ne vous inquiétez pas Madame, je ne fais que ça…” 

La honte.

Mais j’ai survécu.

6- Les mauvaises notes

Mon premier galop d’essai (un devoir sur table et non un cours d’équitation) en Droit de la famille, j’ai eu 6. 

Il s’agissait simplement d’utiliser son Code civil. 

Là, j’entends un gars (dont tous les ancêtres étaient juristes) s’exclamer :  

“Naan si j’avais réussi cet exercice, j’aurais eu 20! ”.

J’ai regardé ma copie et je me suis dis que c’était mal parti.

Puis vint mon premier 11/20 en TD. 

C’est mieux que 6 mais ce n’est pas top non plus.

 J’ai du mal à me réjouir alors que mes potes (les doublants surtout) sont plutôt admiratifs et me lancent des :  “Tu te rends pas compte, c’est super bien 11!! ” 

Puis j’ai compris, un 11 en Droit c’est comme un 15 dans la vie normale. 

7- Dans Ma Bulle

Le parcours franco-allemand m’a permis de créer des liens. 

Au fil des mois, nous (moi et mon sarouel vert pomme) nous constituons un petit groupe bienveillant et décalé (des étrangers, des mamans solo, des personnes en reprise d’études…). 

Être habillé différemment permet parfois de faire le tri et trouver des personnes qui vont plus loin que les apparences. 

Je me sens en confiance et bien et entourée. 

Comme dans une bulle.

8- Les pauses

Faire des pauses c’est important.

Mais. 

Avec les cours du lundi au samedi, soit tôt le matin, soit tard le soir, le transport, les TD à préparer… pas facile de tout concilier. 

Mes respirations ? 

Une heure trente de tennis de table par semaine.  

Et le cinéma, beaucoup de cinéma. 

Un refuge, une fuite peut-être.

Dans le calme des salles obscures, mon cerveau s’arrêtait enfin de tourner à plein régime. 

Quelques sorties  au restaurant avec mes copines aussi . 

Puis, quand je rentre le soir, je vais au Code. 

Comme si apprendre à en maîtriser un seul ne suffisait pas. 

A l’époque, je m’investis à fond dans ce projet, chose qui paraît complètement hallucinante car je n’ai toujours pas mon permis à l’heure ou j’écris ces lignes. 

9- La gestion du stress

Petit à petit, sans m’en rendre compte, je commence  à perdre pied. 

Je stresse terriblement et je ne parviens pas à gérer mes émotions. 

Je joue ma vie à chaque examen et je pars du principe que je vais tout rater. 

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A cette période, le droit de la famille me questionne plus que de raison. 

Adoptée, je réalise que mon expérience de vie est un cas pratique grandeur nature. 

A cette époque, les crises d’angoisse rythment mon quotidien. 

Tout en menant mes études de front,je pars en quête de réponses en contactant le C.N.A.O.P ( Le Centre National d’Accès aux Origines Personnelles). 

Comme Olivier Rousteing, Directeur artistique de la maison Balmain, qui m’inspire beaucoup. 

Il raconte d’ailleurs son parcours dans le film Wonder Boy que je vous encourage à visionner sur Netfilx.   

Je tiens à le souligner car rares sont les témoignages de qualité sur l’ensemble des questions qui relèvent du thème de l’adoption. 

***

 Dans le silence des cris et des pleurs. 

Dans la noirceur du stress et de l’angoisse, j’ai entraîné mon entourage vers le fond.

 Avant de remonter petit à petit.

 Ensemble.

 Et de transformer cette lourde épreuve en force. 

***

A cette période, je m’accroche à mes études comme à une bouée de sauvetage. 

C’est sûrement la raison pour laquelle elles sont si importantes pour moi. 

10 – Les résultats du premier semestre

Je suis une des seules dans mon groupe d’amis à ne pas avoir validé mon semestre 

A l’époque, je me lamente beaucoup et je vois généralement les choses sous le prisme de la négativité.  

Mais là, je n’ai aucun doute sur le fait de vouloir continuer le droit. C’est là que je veux être, j’aime en apprendre toujours plus sur ces matières. 

Le challenge intellectuel que cela représente me stimule énormément. 

Malgré mon petit côté décalé, je suis à ma place. 

Contrairement à mes habitudes, je décide alors d’effacer ce premier semestre catastrophique de ma mémoire et de regarder devant. 

11- Les résultats annuels

J’ai finalement eu mon année à 9,7 de moyenne. 

J’ai été repêchée par le jury qui a récompensé mon assiduité, mon sérieux, mon implication (le tennis de table a fait la différence! ) et ma progression entre les deux semestres. 

***

La première année de droit est rarement simple. 

C’est la raison pour laquelle il me tenait à cœur de témoigner à ce sujet. 

Si je devais la refaire, ça serait différemment. 

C’est aussi l’une des raisons d’être de ce blog. 

***

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