J’aime énormément lire et comme vous l’aurez surement compris, j’apprécie vous partager mes découvertes en lien (plus ou moins direct) avec le droit. Interprété largement, cela me laisse la possibilité d’évoquer de nombreuses lectures en vous garantissant un petit effet de surprise, toujours appréciable en tant que lecteur.
En cette douce soirée confinée, je souhaitais vous proposer une lecture évasion sur fond de droit notarial : La Villa Taylor de Michel Canesi et Jamil Rahmani paru aux Editions Le Livre de Poche.
Ce roman vous invitera à découvrir une magnifique propriété nichée au cœur du quartier Guéliz de Marrakech. Cette maison qui représente assurément un pan du patrimoine architectural marocain a accueilli, depuis l’année de sa construction en 1926, de nombreuses personnalités.
Charlie Chaplin, Yves Saint Laurent ou encore Winston Churchill ont tous été séduits par ces lieux dépaysants et plein de charme.
Ce livre raconte l’histoire de Diane, une jeune femme d’affaires parisienne extrêmement occupée par une carrière professionnelle bien remplie. A la mort de sa grand-mère Moune, elle hérite de la Villa Taylor.
Afin de régler au plus vite les démarches successorales, Diane se rend à Marrakech, ville dans laquelle elle n’a pas mis les pieds depuis des années. Elle y redécouvre la Villa Taylor, ses subtils parfums de menthe et multiples fleurs parfaitement entretenues par Hassan le jardinier du domaine.
Un peu malgré elle, Diane qui n’a pas connu sa mère disparue lorsqu’elle était enfant, se questionne sur son identité, le vide et le manque qu’elle ressent et sur lesquels elle a construit sa vie.
De fil en aiguille, Diane se laisse happer par son passé et par les secrets que renferment les murs de cette villa, qui prend presque la place d’un personnage à part entière du roman.
Avec l’aide de Halima, confidente de sa grand-mère, de Salim le fils du notaire ou encore d’Agathe une amie de Moune, Diane part sur les traces de sa mère.
Petit à petit la villa lui livrera les réponses à ses questions et lui inspirera même le moyen de faire revivre la mémoire de sa famille.
Ce roman est bien amené, mystérieux et instructif. J’ai beaucoup aimé la légère dimension historique de cette histoire qui m’a finalement amenée à m’intéresser plus précisément au peintre Jacques Majorelle et aux liens qu’avaient pu entretenir les différents occupants de la Villa Taylor avec le Maroc.
Comme vous le savez peut-être, Marrakech a inspiré de nombreux artistes à travers le monde. Ce fût notamment le cas du peintre français Jacques Majorelle (1886-1962) sur lequel j’ai pu en apprendre un peu plus ces derniers temps . J’ai trouvé son parcours intéressant et sa démarche en tant que peintre très belle et plutôt avant-gardiste. C’est la raison pour laquelle je suis très heureuse de vous partager ici le peu que j’ai pu en apprendre sur cet homme dont je ne connaissait pas le travail auparavant.
C’est parti pour une minute culturelle!
Majorelle avant Marrakech
Fils de Louis Majorelle, célèbre ébéniste et décorateur lorrain du XIXe siècle, il nait en mars 1886 à Nancy. Ces nombreux voyages l’ont finalement mené à Marrakech ou il décide de s’établir définitivement. Il y aura passé près de cinquante années de sa vie.
Il expose pour la première fois à Paris en 1906. Entre 1910 et 1914, il séjourne en Espagne, à Venise ou encore en Egypte ou il restera quatre ans. Ces nombreux voyages l’inspirent et il en rapporte toujours un nombre conséquent de toiles.
Souffrant d’une maladie pulmonaire, il est réformé et ne participera pas à la première guerre mondiale. Amateur des climats chauds et secs il arrive au Maroc en 1917 et décide de s’installer à Marrakech, ville sous protectorat français depuis cinq ans à cette époque.
Majorelle, témoin authentique du quotidien des marocains
Le peintre développe alors une véritable fascination pour Marrakech : il découvre une ville immense et lumineuse, pleine de contrastes et de couleurs chatoyantes. Dès son arrivée, il est totalement ébloui par cette ville oasis.
Contrairement à la grande majorité des peintres européens qui préfèrent s’installer en périphérie, au sein du quartier français de Marrakech, Jacques Majorelle choisi de louer une maison au cœur de la ville, dans la Medina, afin d’être au plus près de la population locale.
Il est imprégné de culture marocaine authentique et apprend très vite à parler l’arabe. Captivé par l’activité de la rue, il peint des scènes du quotidien, la foule, les souks de la ville, les marchands et artisans qui s’y trouvent.
Il décide même de créer un art décoratif nouveau s’inspirant de la tradition, réalisé à partir de produits régionaux et exécuté par une main d’œuvre locale. Il fera par exemple réaliser des travaux de décoration pour l’hôtel Mamounia. Le plafond de la grande salle à manger du célèbre palace sera peint de motifs faisant référence à l’art berbère.
Un an après son arrivée, il s’impose comme le peintre de Marrakech.
Intéressé de découvrir les richesses du sud du pays, il entreprend des expéditions dans des contrées inexplorées. Il publiera même Carnet de route d’un peintre dans l’Atlas et l’Anti-Atlas, journal relatant ses différents périples.
Le plus beau tableau de Majorelle, son jardin
En 1923, il acquiert un grand terrain en bordure de ville et y construit une maison largement inspirée de ses voyages. Le peintre y établira son atelier.
C’est à compter de cette date que Majorelle se lancera dans le plus grand projet de sa vie qu’il nommera volontiers « son plus beau tableau ». Passionné de botanique depuis sa plus tendre enfance, il souhaite aménager un jardin luxuriant sur la terre qu’il vient d’acquérir ; ce projet ambitieux lui prendra quarante années de son existence.
En 1937, il peint sa villa de couleurs vives dominée par une teinte d’un bleu profond et surprenant qui portera son nom : le bleu Majorelle ( un peu comme ça! )

Ce jardin se déploie sur sur 9000 m2 aujourd’hui, est l’un des jardins les plus enchanteurs et mystiques du Maroc. L’ensemble, entouré de murs, consiste en un labyrinthe d’allées qui s’entrecoupent, de niveaux qui s’enchevêtrent et de bâtiments mauresques de style Art déco. Le jardin est un gigantesque et opulent amoncellement de plantes et d’arbres exotiques provenant de contrées lointaines qui raviront les spécialistes en botaniques mais aussi les amateurs d’espaces apaisants et hors du temps.
Il faut garder à l’esprit que la visite de ce jardin n’aurait peut-être pas pu être possible sans l’intervention d’Yves Saint Laurent, le célèbre couturier…
La renaissance du jardin de Majorelle
En 1962 à la mort du peintre, le jardin est laissé à l’abandon pendant plusieurs années. Il va revivre grâce à l’intervention de Pierre Bergé et du couturier Yves Saint-Laurent qui découvrent le Jardin Majorelle en 1966, au cours de leur premier séjour à Marrakech.
Tous deux ont un véritable coup de cœur pour cette ville. Au début des années 1980, ils décident d’acheter la villa Majorelle et son jardin, cible de promoteur en tout genre. La ville de Marrakech et le jardin Majorelle seront alors une source d’inspiration inépuisable pour Yves Saint Laurent qui y dessinera ses collections.
Ils vont y habiter et la rebaptiser Villa Oasis. Ils réhabilitent les lieux en entamant d’importants travaux de restauration. Le couple décide d’y installer leur collection personnelle d’art berbère afin de rendre hommage à la pluralité de la culture marocaine et pérenniser l’œuvre du peintre. L’atelier de Majorelle est alors transformé en un musée berbère ouvert au public.
Le Musée Yves Saint Laurent permet enfin d’en apprendre de plus sur la manière dont ce couturier a marqué l’histoire et la façon dont cette ville et le jardin Majorelle ont joué un rôle déterminant dans sa carrière.
J’espère pouvoir le visiter un jour, pas vous?
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