La psychologie humaine m’intéresse énormément. C’est la raison pour laquelle j’aime suivre le travail du Docteur Fanny Bauer- Motti, psychologue clinicienne, spécialiste de l’interculturalité.

J’aime insister sur le caractère transversal de la matière juridique qui permet de s’ouvrir au monde, aux autres et qui fait sa richesse. Le Podcast que je souhaiterais vous présenter aujourd’hui, nous propose de faire le lien entre le droit et la psychologie à travers une série d’interviews d’avocats éthiques et engagés. Ce travail remet l’humain au centre des débats et constitue une belle réflexion sur la justice , la place du justiciable, le rôle de l’avocat ou le système carcéral et judiciaire de notre pays.

Au fil des témoignages au cours desquels on apprécie l’aisance oratoire de des avocats interviewés , plusieurs thèmes reviennent.

Tous ces avocats évoquent à leur façon la saturation du système judiciaire français et le manque de moyens attribués à la justice . On se rend compte à quel point le temps joue constitue un enjeu important dans ce domaine. La recherche de rapidité afin de lutter contre la saturation du système, peut légitimer des manières de faire contestables du point de vue des droits humains.

La comparution immédiate par exemple, est une procédure intéressée par le traitement en temps réel de la délinquance. Ce type d’audience est le principal fournisseur de la détention en France, pouvant prendre la forme d’incarcération immédiate ou de détention provisoire.

Notre système n’étant pas en mesure d’apporter une réponse pénale aux justiciables dans un délai raisonnable, il contribue à laisser une grande place à la détention provisoire. Cette manière, parfois arbitraire, de procéder contribue a amoindrir le sens d’une peine et peut avoir de graves conséquences psychologiques sur les individus.

Les avocats interviewés évoquent également les relations de plus en plus tendues avec les magistrats. Ils pointent du doigt la nécessité de réformer le recrutement des juges qui sont souvent trop jeunes, manquent d’expérience et d’objectivité. Ils témoignent pour la plupart d’un repli de la magistrature sur elle même et plaident pour une ouverture de la profession à des profils sociologiques plus variés afin de remettre l’humain au cœur des jugements rendus.

Par la, c’est l’égalité des justiciables face à la justice qui est remise en cause. Comme le dit Me Yakouti  » juger c’est comprendre et comprendre demande du temps ». Face aux manque de moyens et de temps, aux préjugés plus ou moins conscients des personnes chargées de rendre la justice, finalement et comme le dit Me Elise Arfi c’est « chacun sa chance avec son juge »…

Malgré les disfonctionnements et les difficultés constatés, les avocats interviewés restent optimistes et proposent des axes d’amélioration possibles . Cela contribue grandement, je trouve, à la portée constructive des échanges .

Ces podcasts sont aussi l’occasion d’aborder , d’un point de vue plus personnel, et avec chaque avocat, la notion de vocation, la manière dont ils conçoivent leur rôle, leur fierté de défendre et de porter la parole de leurs clients, leurs grandes réussites, leurs inspirations, leurs parcours, les moments de doute qu’ils ont pu traverser, et les causes qui les animent.

Avec beaucoup de subtilité et de justesse, on évoque des thèmes importants et rarement abordés de cette manière, comme l’identité, les origines , les discriminations , les violences policières ou encore l’anticolonialisme.

Je remercie Fanny Bauer-Motti et son équipe pour ce travail ainsi que les avocats qui ont acceptés de participer à ces échanges très instructifs.

Je vous encourage vivement à les découvrir!